Agamemnon

Antre,
Un endroit improbable,
Perché sur la lune de nos têtes.

[ Qu'as tu, mon humble ami ? ]

Une vaste préoccupation,
Mon très cher,
Général.

Le temps m'emporte,
Toujours plus près,
D'un sombre jour.

J'ai mal aux yeux,
Je vois,
De moins en moins loin.
Mes croyances,
Feignent de ne pas savoir.

Alors j'avance,
Parfois pas à pas,
Dans une immense obscurité.

Mes pieds,
Sont nus,
Dans une eau glacée par la crainte,
L'angoisse,
D'avoir à vivre,
La répétition de l'Histoire.

Hier honnis,
Ils ont pris,
Comme ces autres,
Autrefois,
Des hôtes, des ponts, la production
De la pensée.

Des pans entiers de nos deniers
Nous sont verrouillés, clos, obstrués.

La liberté...
Dans leurs lèvres,
Est une plaie,
Qu'ils s'empressent,
De juguler,
De bandes,
Et de compresses.

Prisonniers de ce carcan,
Ma liberté,
Livrée à l'infamie publique.

Vous écrivez ;
S'ils le pouvaient,
Ils vous diraient quoi écrire.

La maladresse n'a pas sa place dans leur monde.

La tendresse serait une faiblesse de l'esprit.

Un malaise pèse toujours plus grand
Sur nos chaumières,
Qu'ils allumeront un jour,
Par le feu
Pour le sang.

Ils l'ont fait hier,
Ils le font insidieusement
Aujourd'hui,
Ils n'auront aucun scrupule
Demain.

Mais...
Vous le savez déjà.

Comment acceptez-vous l'idée
D'un inévitable effondrement?

[ Mon très cher ami,
Tu crains le jour de la longue nuit.
Serais je encore à tes côtés?

Rassure toi,
Je ne serais pas loin.

Mais,
Peut-être,
Déjà fusillé.

Des cendres inertes,
Renaissent avec le temps,
La vie.

Je ne suis pas un leader,
Un petit haut parleur de mon existence,
De mes croyances,
De mon quotidien.
Chaque jour,
Me rapproche de ce parloir
Créé par un monde illusoire
Qui mur sa propre prison
Et qui voudrait m'y mettre juste raison.

Oui, nous vivons ce monde
Qui piétine
Son douloureux passé.

Nous réécrivons des lignes,
De moins en moins transparentes,
Sous la pression d'une ombre agissante,
Elles en deviennent,
De plus en plus édulcorées.

Quand l'ombre s'approprie la lumière,
Parce qu'elle est le nombre,
Les prairies deviennent des déserts,
L'eau se tarie,
Tout devient,
Se tient,
A un fil,
Même l'étiage
De nos rivières.

Le 07 juillet 2019