Acte VI : Noèse

Acte VI : Noèse

Volume 3

A la recherche d'Asra, l'Hectemores avertit les siens des dangers à venir. Sur les sentiers, il rencontre un de ses compagnons. Mais s'oubliant, la Rue, éprit d'un amour dévorant s'est lancée à la poursuite des deux compères, lesquels durent se séparer. L'Hectemores est à nouveau livré à lui-même. Heureusement, la belle Asra n'est jamais loin de lui, ses apparitions sont tout au long du récit une lumière caressante. Puis, batifolant à loisir, il balaye une méchante meute d'un revers puissant,  avant de retrouver sa belle pour un dîner amoureux. Maintenant, près d'elle, ils retrouvent Oscar qui informe Mores de leur affaire. Mais l'aventure prend le dessus et le renvoie dans les turbulences d'un torrent vers l'autre monde. Dans des habits d'officier, il reçoit les chefs de guerre qui l'exhortent à reprendre l'offensive. Mais son fils, qu'il a peu connu, et la lassitude à l'égard d'un conflit trop meurtrier, l'amène à tourner sa veste au nez des années mortes : l'âge de sa jeunesse s'est définitivement perdu. Il souhaite retrouver les siens et sa belle.  A nouveau en quête de l'être d'Amour, une terrible explosion venue du ciel ébranle la terre de ce conflit. Mores est obligé de rebrousser chemin vers la plage où l'attendent son fils, ses compagnons et son ami Oscar.  

 

Brandille

Des crêtes,

Des crétins me guettent,

A l'affût d'une faiblesse,

Pour me faire taire.

 

Eux,

Les usurpateurs,

Moi,

Le rescapé,

 

De leur chimère.

 

A inégal pouvoir,

Mon pouvoir luit,

Dans la Nuit,

De vos nuisances,

Je m’en régale,

Et piétine,

A gros talons.

 

Heureux,

Qui comme H,

J'les fume,

Dans un crépitement,

D'une braise rouge.

  

Anabelle,

Une belle garçonne,

Un baiser mirabelle,

En approche,

De ma personne,

Elle me tend,

Flottant,

L'étendard immaculé,

De l'insanité d'esprit,

De ses légataires,

En mes mains propres.

 

A mon ban,

La grande bannière,

 

Virevolte,

 

La révolte

D'une tempe,

Le coeur battant,

Entre deux Colts

Mon membre,

Remington.

 

 

A la pointe d'une terre,

Où, 

La roche s'entête

A briser des lames,

Le sel,

Lui arrachant quelques larmes,

Nous nous y retrouvèrent,

Entre rescapés,

A la baie,

Des Trépassées.

 

Il était là,

Entre deux humanités.

 

Oscar,

Le vieil homme,

Bien que boiteux,

Vint à ma rencontre,

Rapide comme un lièvre.

 

Mon bras arraché,

Par sa forte poigne,

Me traîne.

 

Je laisse un regard,

A mes compagnons trouvés,

Au blessé,

Rassuré d'y voir,

Quelques sages femmes.

 

 

« Regarde ! [Hurla-t-il !]

N’est-il pas beau ! »

 

« Magnifique,

Mon grand Oscar,

Merveilleux,

Mais qu’avez vous fait,

De la belle Marianne ? » [Lui ai-je répondu]

 

« Des vers

Et des misères,

L’ont émietté

Jusqu’à en faire une coque poreuse.

Elle était mal en point,

Tu le sais ! »

 

« C'est vrai,

Que vous avez bien travaillé.

Mon grand Oscar.

Cette ligne,

La courbe de cette étrave … »

 

« Des hommes,

Et des femmes,

Mon capitaine.

Durant votre absence,

A la sueur du jour

Et dans la clameur

Des nuits arrosées. »

 

Et nous avons marché,

Dans le dédale

Du pharaonique chantier.

 

Soudain...

Un mélange de rhum,

Et d’agrume

Vint à flirter

Avec le poil

De nos narines.

 

« Que tu as bien choisi,

Mon grand Oscar ! »

 

Derrière un linge étendu,

Nous entendîmes les sanglots

D'une jeune fille.

 

Attristé,

Par la tourmente,

Nous ne sûmes que faire, 

Alors,

Nous lui donnèrent la main,

Et d'autres vinrent,

Firent de même,

Cessant

Leurs activités,

Délaissant les faucilles,

Et les marteaux,

Dans une chaine humaine,

Ensemble,

Nos coeurs battent,

Solidaire.

 

Alors,

La jeune fille

Esquissa

Un petit sourire.

 

Tous inquiets,

Un instant,

Heureux.

 

Et le travail reprit,

Du quai,

Les stevedores

Faiasaient monter,

Un à un,

Les tonneaux,

Barriques d'eau

Et denrées. 

 

Plus loin,

Des enfants jouaient.

Ils piaillent

Et rigolent

D’une grande innocence.

 

Sur une grande étendue,

Le maître voilier

Arrangait les menus détails,

Avec savoir-faire.

 

"Ohé,

Du bateau!" [Ecriai-je]

 

Ayant reconnu,

Quelques hommes

Perchés dans les haubans

De la grande voile,

Nous nous saluèrent

Mutuellement,

Dans d’incessants

Mouvements de bras

Et de joie.

 

Alors...

Vint le héraut,

Qui se lève,

De derrière les fagots,

Un peu défroqué,

Peut-être ébréché,

Quoi que?

 

Un bras délicat,

A peine vêtu,

Lui tend le béret

Un peu froissé.

 

Empêtré, 

Dans le filet

Du grand beaupré,

Il réussit,

Malgré une note trébuchante,

A faire résonner

Le souffle de sa corne.

 

Et pour l'heure,

Nous nous sommes rassemblé,

Lier,

Par l'amitié,

De ses longues années.

 

Le 07/08/2010