Le vieux Oscar,
L'estropié grognard
Gueule comme le phoque sa bornerie ;
" Il est où le gars d'la boussole,
La grisaille annonce une folie au large,
Veux-tu ma mort,
Chien d'Hectemores ? "
Seul sur le siège de sa cabine
De palissandre, de chêne et d'ébène ;
H aux orgues, le fantômatique ange,
Répond d'une étrange mélodie.
Et sur la fausse note,
L'expression d'un lourd silence, irrespirable, suffoquant,
Aiguise les longs couteaux ;
Il grince sous les quelques dents restantes
Dans une atmosphère qui s’électrise.
La lourde porte aux gonds d’acier couine sur l’ouverture de l’obscurité d'une pièce privée.
On y distingue, dans l’ombre, La silhouette.
Et Oscar répand sa sueur sur le chanvre
Dans un sursaut apeuré
Par la lame vibrant
Le long de sa joue
Sous le lobe de sa droite oreille de goguenard.
Enfin !
[ dit la voix des ombres ]
Prend ce poignard pauvre de toi.
Et H s'avança sur le pont
En offrant son dos, l’œil au large.
Tu seras mon second,
Vieille charogne.
Acceptez vous autres ce mutin ?
Et m’acceptez vous encore à la direction de vos affaires ?
[demanda-t-il à l’équipage]
L’acquiescement général ne se fit point attendre,
Les étoiles jaillirent dans les yeux de l’équipage
Les torses bombés et les poings en l’air
Ils hurlèrent et aboyèrent à gorge déployée.
[ Dans un soudain demi tour, il montre de son doigt balafré le canonnier]
Aux armes !
Tirer
Tirer
Tirer
La bruyante effervescence d’un équipage en fièvre fusionnelle d’une fécondation explosive
Etincelle la mèche.
Et les trois coups résonnèrent,
Derrière le rideau rouge,
Sur le plancher bleu sale.
Capitaine H pour les insurgés de la fronde.
Le 07/05/2008