Le Crachoir



30 jours monotones,
30 nuits de monodie
L’oblat est au sextant.

Altocumulus au crépuscule des voiles.
Le vent lève l’inexorable temps qui change.

[La nuit]

En petit comité,
A la lumière d’une lampe à huile,
Sous la dernière phalange de l’index
Ar Jentilez.

[Quelques minutes avant l’aube]

Dans l’horizon morne,
Les tambours grondent
Air lourd
A Démos sphère souffre
Souffrance d’une aube qui vous plombe.

Un océan rouge se lève.

Capitaine,
O mon capitaine,
Dit l’homme aux haubans de hune.
Que je meurs si je mens ;
Des mâtures, une infinie de gréements.
Les frégates de la Guerre de Sept ans.
Les corsaires, ils sont cent.
Notre cotre est bien courte
O mon capitaine.

Mais bien armé ! [répondit-il]

Dans la brume lointaine,
En avant de la silouhette d’une flotte,
La confiance et le redoutable arborent
Le noir pavillon
Et le foc rouge.

Combien sont-ils ?
Nul ne le sait vraiment.

Le ciel de congestus,
Livre l’angélique colombe,
Messagère des âges,
Vêtue de son linceul blanc,
Posée sur le beau-pré de la proue.

Armé nos écuelles d’amour !
Ceux sont les nôtres.

Au même moment,
Un sage homme du cénacle,
En marge des autres,
Me donne tendrement la main,
Avec un rictus destabilisant ;

« Lève les yeux, c’est un grand jour »

Criard, l’oiseau éployé
Brûle d’un vif éclair
Le ciel de ses cendres.

[Plus tard]

A Enez ar Razhed,
Nous nous rassemblons en Assemblée.
Dos à l’œil solaire,
Alertes et déterminés,
Les lames me sont confiées,
Dans un balai d’honneur et de fierté.

François prend la parole ;
« Tu as bravé l’affront de cette souillure de nos terre, bois ce breuvage. »

A deux mains,
J’empoigne la corne du sabot.
Et les compagnons,
Un genou à terre,
s’exclament ;

« L’eau du Styx, mon capitaine »

Et l’O me tue.

Dans un puit,
L’Ictus d’une voie de môme
Sous le dôme d’un crâne fantôme,
Infernal.

Dévêti de l’étoffe,
Aux portes massives de l’Hadès,
Les chiens m’agressent.

En lambeaux de chair fraîche
S’entredéchire le corps
Dans l’hennissement,
Terrible,
D’une vie d’esprit.

A l’à pic d’une falaise,
D’un déséquilibre,
Je me renverse dans le précipice d’une verticale
En une infinitésimale goutte,
Dans l’écho du fluide paisible d’une flaque.

En nudité diaphane,
L’étreinte glaciale d’une ambrassade morbide
Imprègne la fleur de mes cellules
D’un sordide frisson glauque.

[Vint une voix lointaine de mes fidèles marins]

H, mon amiral, levez-vous.
Ils vous attendent.

Le fléau des flammes de mon sacre
Enveloppe la fébrilité de mes gestes majestueux.
L’être lévite,
Splendeur antique,
Universel
Et ceux que la mort dans les yeux punit.

Face à eux,
Devant tous et dieu.

Gorgône envahit l’arêne de la belliqueuse.
Souffle d’effroi,
Boursoufflure organique,
Magmatique,
Agnosie abyssale.

Colonne d’H,
Deux O ;
Le vin et le sang
De la Bête.

Au courroux du ciel,
L’acier du glaive,
Elève les cornes
Des fraticides phratries.

Et l’ordre rugit
Dans la clameur,
Atroce,
De la Haine.

Rentrez chez vous,
Circulez,
Y’a rien à voir,
Plus rien à dire,
Soyez le nombre,
Et non votre tombe.

Et il brisa en deux,
La terreur du glaive.

Le 07/03/2008