Rhyton













H, Réveillez-vous,
Allons,
Réveillez-vous.
On est le Huit.
[ Me chuchote-t-il poliment,
Secouant mon corps endolori,
D'une paillasse,
De galets et d'insectes carnivores. ]

Mon grommellement,
Le murmure d'un refus
Fuyard,
Répond brièvement,
A ses sollicitations.

Lève-toi moussaillon !
[ M'ordonne-t-il sèchement,
Pour m'extirper,
De la captivité de mon sommeil.

Aaaaah
Aaaalerte,
Aux armes !
Maquisards du glaive, 
Bataillons du trépas
A l'attaaaaaaaaaaaque !

[ Bruyamment,
J'hurlai à gorge déployée,
Dans la vallée boisée
Où nous avions posé
Notre campement.] 

Vous divaguez,
Mores,
Reprenez-vous !

Où sont mes armes, mes hommes et ma flotte...

Et l'eau glaciale,
D'une casserole
A demi pleine,
Vint à m'éclabousser
Mon pauvre visage.
  
Ca va ? [ M'interroge-t-il? ]

[Empoignant quelques cailloux pour seul arme,
Je me ressaisi,
Avec le retour
A la raison.]

Bien sûr,
Quel jour sommes nous,
Mon cher compagnon ? 

Le Huit.
[ D'une voix d'agacement,
Le couteau jeté contre un arbre,
En guise d'énervement .]
  
Aaaaah la catastrophe !
Prends tes affaires,
On lève le camp,
Partons sans attendre,
Court,
Vite,
Très vite.

Ils nous observent,
Je le sais déjà,
Ils sont là.

Aaaaah la catastrophe !
Court,
Court, [ lui dis-je ]

Nous quittèrent la berge,
Pour plonger dans le sous-bois inhospitalier.
Quittant la claire lune rouge,
Dessous le parapluie clairsemé
Du feuillage
Et du branchage,
De la sombre
Voûte.

Il est des nuits,
Où l'obscurantisme produit,
Les monstres,
Et les railleries,
Diaboliques,
De sorcières
Et d'animaux maléfiques.

Mais cette nuit là,
Dans notre profonde campagne,
La Rue s'est échappée de la ville.
Pourchassant le fils,
Qu'elle avait tant aimée,
D'un amour funéraire,
Que les croix,
Et les croyants,
Maudissent.

Mon ami,
Je vous le dis,
A vous,
Mon complice.
J'ai peur.

Thôt,
En protecteur,
A su m'éloigner,
M'extirper,
Me sauver,
De son fléau.

Fuyons,
Mon ami,
Je n'ai pas la force,
De lui tenir tête.

Cette bataille,
Je l'a livre chaque jour,
Dans la reliure de mon destin,
Par la plume
De mon encrier,
Le glaive
Est mon épée,
Epître,
De cette folle équipée,
La sempiternelle épopée.

Le 08/09/2009