Schorre. discours de l'auteur



  Février 2005-2015, dix ans me sépare du premier texte écrit près de la République, dans une chambre de bonne miteuse où les cafards sortaient grignoter la nuit. Ecrit à 27 ans, à un tournant de ma vie, confronté à la dure réalité d'une impasse professionnelle. Un souvenir d'infortune, des souvenirs de Paris, et l'eau qui  coule sous les ponts, de plus en plus loin des sources, jusqu'à l'horizon.

L'Hectemores, esclave de sa terre, esclave de lui-même, m'a accompagné pendant ces difficiles années. Années durant lesquelles s'est effritée la haute idée que je pouvais avoir de ce pays. Ma colère, mon incompréhension, d'adolescent et de jeune homme, a laissé place à un désintérêt, de la tristesse, ce revers d'amertume. Etre jeune sur un grand navire qui vous a abandonné, s'est oublié qu'il en prendra la barre sans la moindre hésitation, parce qu'il croit en l'avenir. Mais, on ne mène pas contre les vents, les marées et les courants, un grand navire sans voilure et sans équipage. Alors on se jette à l'eau d'infortune, avec quelques clous, quelques planches, un grand drap, et à défaut d'être le nombre, on mène sa frêle esquif,  parmi tant d'autres, dans le vaste océan. Quand une île se présente, on y bâtit toujours plus haut, toujours plus grand, sa propre histoire. Telle est l'histoire de l'Hectemores. 

   De ce cap maintenu, de ce temps contenu, le résultat est à mes yeux la preuve que la constance et la stabilité sont le terreau nécessaire au développement et à la réalisation. 
L'Hectemores est une abstraction, un acte d'expression public qui ne répond pas à l'écrasement social, à l'écrasement administratif, à l'écrasement punitif. C'est une preuve à soi, de sa capacité à exister autrement dans un monde où la rigueur a rigidifié les esprits, complexifier les voies ascensionnelles, et mis au ban de la société un trop grand nombre d'entre nous.

   Pourtant, à y regarder d'un peu plus près, cette présentation manque de franchise. Les précédentes discussions avaient pour intérêt un questionnement difficile, sans concession. Et aujourd'hui, je n'ai pas la force d'être bousculé, peut-être qu'il s'agit là d'une faiblesse et que ce mois sera celui d'une remise en cause, d'une reprise sur soi, d'un avancement. La pensée.

  Il est vrai que je ne me préoccupe pas de l'incidence que peut avoir ce blog sur ma vie personnelle. Cela ne m'empêche pas d'y penser, cependant, rien ne s'aurait enrayé cette voie. Car, comme je l'ai dit précédemment, réaliser sans être enquiquiner par autrui, tiens du miracle.

   La reconnaissance, voudrai-je, par ce biais, l'obtenir ? Forcément, oui, un peu. Mais cela ne tient pas du réalisme, seulement du travail accompli. Y a t il une valeur à l'artistique ? Peut être une valeur à la démarche ? La qualité artistique, ou plutôt élevé la subtilité des jeux de mots, pour atteindre quelques moments de jouissances extravagantes ! Cette oeuvre m'a apporté du plaisir. Et, il est vrai que j'ai parcouru les grandes thématiques du schéma de ma pensée. Aujourd'hui, je cherche un renouveau, une nouvelle inspiration qui ne viendra pas. J'en ai conscience, car ma conscience est là. L'avenir n'est pas écrit, mon histoire par contre, est d'hier. Et peut-être au centre de mon existence, cette impression, de ne plus inventer, de ne plus imaginer, de ne plus m'explorer, seulement réécrire ma propre histoire.

   Et finalement, malgré tout, pourquoi s'écrire ? Pour se surprendre, se comprendre et partager.           
 
   
 

Prospère,
Une vie d'équerres,
Souvenirs de guerre,
Sans le sou,
Sans  goût,
Qui tempère,
La déconfiture,
De nos prunelles.
,
Ecoute la douceur de ma voix,
Ma voie brute,
Qui résonne,
A chaque fois ;

"Pronunciamento!"

Oh funambule,
Grandiloquence pathétique,
Etre disgracieux,
Je ne courbe pas,
L'échine,
Ta langue,
Tes affreuses babines,
Dessous ton chaperon,
Rouge.

Un feu de paillettes,
Au pied d'argile
D'un colosse de paille et de mailles,
Il n'y a rien qui ne me vailles,
Lueur vague,
Au cap dague,
Méfiance et fleur du temps,
Aux portes de ton courage.

En crypté de la lune blanche,
Les yeux grands ouverts
Sur de nouveaux isthmes,
De nouvelles terres,
Des âmes se dressent,
Aux dessus des mousses,
Humus et lichens,
De ce vieux marbre,
Devant l’Éternel ;
Danse,
Macabre.

A l'eau la terre,
Le vin coule dans mes veines,
Et,
Saturne.


Diurnes prisonniers,
Comme la pierre,
Dans le lit d'une sage rivière,
Ils rêves d'eaux troubles,
Galopantes.

Indécence commune,
Avec ses infortunes,
Sa stoïque,
Stipe.

A contre-sens,
D'une voilure unanime,
Le corpuscule,
D'un capitaine sans nom,
Sans bannière,
Seul maître,
De lui-même.

Là,
Est toute l'affaire.

A l'appareillage des uns,
La barre des autres,
Le sens commun,
Etre,
Un deux,
L'autre,
Qu'un notre,
Qui ne nous appartient pas.

Le 07/02/2015